le GPS ou le chemin ?

Au détour d'un entretien passionnant entre Antonio Spadaro et Jean-Miguel Garrigues, je retrouve employée l'image de Dieu comme GPS, déjà entendue en paroisse. 

Personnellement, je n'aime pas les GPS. Peut-être que je n'apprécie guère qu'une voix synthétique me dicte la voie à suivre, me retrouver au tournant à attendre ses instructions ? Je préfère, à l'ancienne, regarder la carte avant de partir - au pire sur les genoux en roulant, ou faire confiance à un copilote. Bref, que la décision au carrefour soit la mienne, ou celle d'une personne en qui je me fie. Je crois que je préfère me paumer en exerçant ma liberté que d'arriver à bon port en obéissant sans réfléchir. Sans doute un peu par orgueil, sans doute par entêtement... mais peut-être aussi pour comprendre, apprendre de cette route, et mieux y arriver une prochaine fois, ou pouvoir l'expliquer à d'autres. Me sentir responsable du trajet.

Et dans la vie chrétienne ? Il me semble que le Christ ne dédaigne pas anticiper un tantinet la route : "Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?" (Lc 14, 28) Qu'il ne nous parle pas en surplomb, comme la voix qui sort du GPS, mais qu'il s'adresse à notre liberté, qu'il la créé, la rend possible en nous libérant du mal pour que nous puissions librement choisir le bien. Et ces choix sont souvent compliquées ; pas simplement une petite voix à écouter, mais discernement, prière, relecture, accompagnement... 

Et si, plutôt que le GPS, Jésus était le chemin... ? Un chemin unique pour chacun, comme l'illustre la diversité du cheminement des saints. Un chemin beaucoup moins clair à suivre que la voix du GPS. Un chemin qui se découvre sous nos pas. Où l'on cherche aux croisements un balisage à moitié effacé voire contradictoire, où l'on essaie difficilement de faire correspondre la rectitude de la carte avec la réalité du paysage sous nos yeux. Un chemin où ce qui importe est de cheminer, en Christ, plus que d'atteindre une destination planifiée d'avance. Un chemin sur lequel faire route nous transforme peu à peu, nous dépouille, nous simplifie. Un chemin pour lequel tous les chrétiens ont reçu le sens de l'orientation, par le baptême et la confirmation !

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