Parfois, notre parole est
lourde ; et cela me pèse de nous entendre, nous l’Eglise. Nous entendre
savoir, connaître, énoncer, assener ce qui est bien et ce qui est mal. Comme si
la vie était simple. Comme si ce n’était pas difficile de vivre. D’être libre,
de chercher le bonheur, de le perdre. Comme si l’on allait accueillir à bras
ouverts des catholiques aux mains pleines de certitudes. Des gens biens, des
gens qui savent. Comme si nous n’étions pas aussi des faibles. Des vases
d’argile, des poteries sans valeur. Comme si notre seul mérite n’était pas de
refléter le Christ, de laisser rayonner son Corps.
Espérer dans nos semblables.
Croire que ce ne sont pas des gens qui pensent mal. Dont la conscience est mal
éduquée, dont la liberté est pervertie. Ne pas croire peut être, tout au fond
de nous, qu’ils ne sont pas assez bien pour être libres. Trop peu vertueux.
Trop peu chrétiens. Qu’il faudrait pouvoir les éduquer, les conduire, les
chaperonner, les contraindre. Comme si le mal était si important. Comme si le
mal n’avait pas déjà été vaincu par une grâce surabondante, vaincu en espérance.
Eh, s’ils ont soifs, pourquoi ne
boivent ils pas ? Est-ce parce qu’ils préfèrent rester dans leurs
habitudes, leurs petits arrangements, leurs peurs et leurs envies ? Ou est-ce parce que
nous ne leur parlons que si peu de bonheur ? De joie parfaite ? Que
nous avons perdu les chemins des cœurs ?
Et puis finalement, peut-être notre vérité est-elle Vérité de la vie éternelle, et non vérité politique, dans
l’histoire ? Peut-être ne sommes nous pas doués pour le temporel, comme notre
passé nous le rappelle ? Peut-être notre vérité est-elle indissociablement
Chemin, Vérité et Vie… Ne devient lumineuse que dans un cheminement par, avec,
en Christ. Cheminement vers la vie éternelle, la vraie vie, la vie bonne avec
et pour les autres, la vie en plénitude.
Exact inverse de la volonté de puissance. Non pas sans le mal mais en dépit du mal.
Exact inverse de la volonté de puissance. Non pas sans le mal mais en dépit du mal.
Peut-être notre mission
d’aujourd’hui est-elle d’annoncer, de prophétiser une possibilité de vie éternelle ? Vie toujours voilée ici bas, qui naît en l’homme non d’une rectitude morale
mais d’un désir d’accomplissement, de béatitude…
« Dans toute ville où vous
entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira. Là,
guérissez les malades, et dites aux habitants : 'Le règne de Dieu est tout
proche de vous.' Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas
accueillis, sortez sur les places et dites : 'Même la poussière de votre ville,
collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le :
le règne de Dieu est tout proche.' » Lc 10, 8-11
Merci pour cette belle méditation dont nous pouvons tou.te.s nous inspirer dans le contexte actuel ;) Il est extrêmement délicat de s'ouvrir à l'expérience de l'autre sans être tenté de la réduire rapidement à une faiblesse, une erreur ou un manque de vertu selon la façon que vous décrivez très bien. Il est bien plus difficile de susciter l'adhésion à ce que l'on vit par la joie sereine et qui ne parle pas tant que ça. Agréable continuation & encore bravo pour ce blog !
RépondreSupprimerHeureux de ce texte ! Je crois en effet qu'aussi longtemps que nous penserons être les seuls détenteurs de la vérité, les seuls possesseurs d'une conscience morale... nous ne rejoindrons pas nos contemporains. Le christianisme n'est ni dogmatisme, ni moralisme mais réponse libre à l'appel à la liberté de Jésus de Nazareth que nous disons Christ. Nos contemporains n'attendent pas de nous que nous leurs fassions la morale mais que nous cheminions fraternellement à leur côté, partageant leur vie, leurs joies et leurs peines. Dans cette proximité nous saurons bien trouver le moment où leur dire Celui qui nous fait vivre !
RépondreSupprimerCela parait d'une telle évidence si l'on entend le message du Christ avec justesse et pourtant, si l'on n'y prend pas garde, notre pensée de "bon chrétien" peut être tentée par de tels raccourcis empêchant l'ouverture à l'autre, cadeau de Dieu ni plus ni moins que moi. Merci pour ce rappel à notre devoir de chrétien: "refléter le Christ", en toute humilité et simplicité.
RépondreSupprimersuperbe !!
RépondreSupprimerMERCI
claudine
Merci pour cette belle réflexion!
RépondreSupprimer