De partout monte une clameur d’indignation. Le
gouvernement ceci, le gouvernement cela, etc.
Clameur d’indignation mais attention,
d’indignation qualifiée. Chacun a un avis. Chacun sait ce qu’il s’agirait de
faire – en tous cas mieux que ces incapables qui nous gouvernent. Chacun
vilipende leur incurie.
La situation est semblable ou pire en Italie, Espagne, Grande-Bretagne, aux Etats-Unis...
Rien à cirer. Les allemands font mieux, cela suffit.
La situation est semblable ou pire en Italie, Espagne, Grande-Bretagne, aux Etats-Unis...
Rien à cirer. Les allemands font mieux, cela suffit.
Et puis, il ne faut pas être naïf. On nous
cache des choses, la vérité déplaît aux puissants. Mais qu'ils prennent garde ! La France compte désormais des millions d’experts en virologie, des dizaine de millions peut-être - dont Mélenchon et Marine au
premier chef.
Les catholiques ne sont d'ailleurs pas épargnés par cette « épidémie
de l’expertise », du moins sur Facebook ou Twitter. Hier, on y démontrait
l’inutilité de ne plus communier dans la bouche pour lutter contre la
propagation du virus. Aujourd’hui, on y partage allègrement son avis sur la
Chloroquine, sa défiance vis-à-vis des autorités, etc.
Parfois, je me dis que nous devenons en France une
Eglise de pharisiens-zélotes. Pharisiens dès qu’il s’agit de culte et de
génuflexions. Zélotes pour remettre en cause la légitimité des décisions des autorités
civiles – fruit malheureux peut-être de l’épisode LMPT.
Dans un autre contexte (celui de l’interprétation
des textes), Paul Ricœur parle de « seconde naïveté » : celle qui,
en dépit de tout ce que l’on sait ou croit savoir, conduit à mettre en
suspens son jugement critique pour rencontrer un texte.
Et bien, je préfère le parti de la naïveté. Croire
ou du moins suivre ce que disent ceux en position de décider.
Le plus grave péril ne me semble pas de
méconnaître telle ou telle intention cachée des puissants. Le plus grave péril
est je crois l’atomisation de la société. Que plus rien ne nous lie au delà d'une convergence ponctuelle d'intérêts particuliers ou communautaires. Le catholicisme
a longtemps formé ce lien, cette matrice commune, peu à peu complétée puis
partiellement remplacée en France par l’Etat. Alors, si le respect de ceux qui
incarnent cet Etat de droit disparaît, que nous restera-t-il pour transcender la petite guerre de chacun contre chacun ?
Bref, je préfère passer pour un imbécile qui respecte
les autorités que de contribuer, même un tantinet, à la dislocation de notre
société ; cela prête moins à conséquences :)
« Rendez à chacun ce qui lui est dû : à
celui-ci l’impôt, à un autre la taxe, à celui-ci le respect, à un autre
l’honneur. » (épître aux romains 13, 7)